Les trois nains de la forêt  
     
 

Il était une fois un homme dont la femme mourut et une femme dont le mari mourut. L’homme avait une fille, Claire et la femme avait une fille, Marie. Les petites filles se connaissaient et allaient se promener ensemble. Ensuit elles rentraient à la maison de la femme.

Alors elle dit à la fille de l’homme : « Écoute, dis à ton père que je veux l’épouser, alors tu aura chaque matin du lait pour te lavera et du vin à boira, tandis que ma fille se lavera et boira de l’eau. »

La petite fille raconta à son père ce que la femme avait dit. Pas plus long temps le père alla demander la veuve en mariage et les noces eurent lieu.

 

Le lendemain, les deux filles se levèrent, la fille de l’homme, Claire, trouva du lait pour se laver et du vin à boire, tandis que la fille de la femme, Marie, avait de l’eau pour se laver et à boire.

Le surlendemain, il y eut pour l’une comme l’autre de l’eau pour se laver et à boire et le troisième jour enfin, Claire eut de l’eau pour se laver et à boire, tandis que Marie avait du lait pour se laver et du vin à boire. Et c’était comme ça resta là.

 
     
 

La femme se mit à détester cordialement sa belle-fille Claire et ne suit qu’inventer pour lui rendre la vie de plus en plus dure. Elle était très jalouse, parce que Claire était belle et aimable, tandis que Marie était laide et repoussante. 

 
     
 

Un jour d’hiver, comme il avait gelé chaque pierre et que tous étaient ensevelis sous la neige, la femme confectionna une robe de papier, appela Claire et lui dit : « Mets cette robe. Va dans la forêt et rapporte moi un petit panier de fraises. J’en ai envie. »

« Mon Dieu ! » dit Claire « C’est que les fraises ne poussent pas en hiver, la terre est gelée et ouis la neige a tout recouvert. Et pourquoi irais-je da cette robe de papier ? Il fait si froid dehors qu’on en a l’haleine gelée. Le vent va passer au travers et les ronces me l’arracheront. »

« Vas-tu encore répliquer ? » dit la belle-mère, « tâcher de filer et ne t’avise pas de reparaître avant d’avoir rempli le panier de fraises ! »

 
     
 

Claire mit la robe de papier et s’en alla avec son petit panier. Il n y a rien que neige à la ronde et l’on ne voyait pas d’herbe.

En arrivant dans la forêt, Claire aperçut une très petite maison où  trois petits nains étaient à la fenêtre. Elle leur souhaita le bonjour et frappa discrètement à la Porte. Les nains lui crièrent d’entrer. Elle entra et s’assit sur un banc près du poêle pour se réchauffer et commence a manger leur petit morceau de pain.

Les nains lui dirent « Donne-nous-en un morceau » « Volontiers » dit-elle coupa son morceau de pain et leur donna la moitié. Les nains demandèrent « Que vas-tu faire da la forêt par ce jour d’hiver, avec ta petite robe mince ? »

« Ah ! » dit Claire « il faut que je cherche des fraises pour remplir mon panier et tant que je ne le rapporterai pas je ne pourrai pas rentrer à la maison. »

Quand les nains eut mangé ses pain, ils lui donnèrent un balai et dirent « Balaie la neige à la porte derrière »

 
     
 

Mais quand elle fut dehors, les trois petits hommes se dirent « Qu’allons-nous lui donne pour récompenser d’être si gentille et si bonne et d’avoir partagé son pain avec nous ? »

Le premier dit « Elle aura le don d’embellir de jour en jour. »

Le deuxième dit « Il lui tombera des pièces d’or de la bouche chaque fois qu’elle proférera un mot »

Le troisième dit « Un roi viendra et la prendra pour femme. » 

 
     
 

Cependant Claire balayait la neige au derrière la petite maison et que crois-tu qu’elle trouva ?

Des fraises mûres ! Alors, ans sa joie elle en ramassa plein son panier, remercia les nains, donna la main à chacun d’eux et rentra chez sa belle-mère.

Comme elle disait « Bonjour » en entrant, aussitôt une pièce d’or lui tomba de la bouche. Ensuite elle raconta ce qui lui était arrivé dans la forêt et a chaque mot qu’elle prononçait les pièces d’or lui sortaient de la bouche.

La belle-soeur était très jalouse et voulut aller à son tour chercher des fraises dans la forêt. « Non, ma petite » dit la mère,  « il fait trop froid, tu pourrais en mourir » Mais comme elle ne lui laissait pas de répit, elle finit par céder, lui fit une splendide veste de fourrure, qu’elle dut mettre et lui donna des tartines et un gâteau pour la route.

 
 
     
 

Marie alla dans la forêt et se dirigea tout droit vers la petite maison, les nains étaient toujours à la fenêtre, mais Marie ne les salua pas et sans leur accorder un regard ni un bonjour, elle entra dans la pièce en trébuchant, s’assit près du poêle et se mit à manger ses tartines et son gâteau.  

« Donne-nous-en un morceau, s.t.p. » s’écrièrent les nains, mais elle répondit « Je n’en ai pas assez pour moi, comment en donnerais-je encore aux autres ? »

Quant elle eut fini a manger, ils lui dirent « Voici un balai nettoie la neige dehors à la porte de derrière. »

Marie répondit « Hé, balayez vous-mêmes, je ne suis pas votre servante. »

 
     
 

 Voyant qu’ils ne voulaient rien lui donner, elle prit la porte et s’ s’en alla. Alors les trois petits hommes se dirent entre eux « Qu’allons-nous lui donner pour la punir d’être si désagréable et d’avoir un cœur méchant et jaloux qui n’accorde rien à personne ? »

 

Le premier dit : « Elle aura le don d’enlaidir de jour en jour. »

Le deuxième dit : « A chaque mot qu’elle prononcera un crapaud lui sortira de la bouche. »

Et le troisième dit : «  Elle moura d’une mort plus terrible. »

Marie cherchait des fraises en dehors, mais elle n’en trouva rien. Elle rentra de méchante humeur à la maison. Quant elle ouvrit la bouche pour raconter à sa mère ce qui lui était arrivé dans la forêt, voici à chaque mot un crapaud lui sortait de la bouche.

Maintenant la belle-mère était encore plus en colère et ne pensait plus qu’à faire tout le mal possible à la fille de l’homme, dont la beauté croissait vraiment de jour en jour. 

 
     
 

Une jour, la belle-mère dit a Claire, elle devait aller avec une hache sur la rivière gelée, faire un trou dans la glace. Comme elle était obéissante, elle y alla, fit un trou dans la glace et elle était en train de creuser quand passa un splendide carrosse dans lequel se trouvait le roi.

La carrosse s’arrêta et le roi demanda : « Mon enfant, qui es-tu et que fais-tu là ? »

« Je suis une pauvre fille et je rouis du fil. » Alors le roi prit en pitié et quand il vit qu’elle était si belle, il lui dit : « Tu veux venir avec moi ? » « Oh oui, de tout mon cœur. » répondit-elle, car elle était bien aise de ne plus avoir à paraître devant sa mère et sa sœur.

 
 
 

 

 
 

Elle monta donc dans le carrosse et quand ils furent arrivés au château, on célébra la noce en grande pompe, selon de don que les nains lui avaient fait. Au bout d’an, la jeune reine eut un fils et quand sa belle-mère eut entendu parler de son grand bonheur, elle vint au château avec sa fille et feignit de vouloir lui faire une visite.

Mais comme le jeune roi était sorti un moment et qu’il n’y avait personne d’autre dans la chambre, la méchant belle-mère saisit la reine par la tête et sa fille la saisit par les pied, puis elles la soulevèrent du lit et la jetèrent par la fenêtre dans le fleuve qui coulait devant.

Après quoi elle coucha sa vilaine file dans le lit et la vielle la couvrit jusqu’à la tête.

 
 
     
 

Quand le roi revient et voulut parler à sa femme, la vielle s’écria : « Chut, chut, pas maintenant, elle est toute baignée des sueur, il faut la laisser en repos aujourd’hui. »

Le roi n’y vit rien de mal et ne revint que le lendemain matin et quand il se mit à parler à sa femme et qu’elle lui répondit voici qu’à chaque mot un crapaud lui sortait de la bouche tandis que d’ordinaire il en tombait une pièce d’or.

Il demanda alors comment cela se faisait, mais la vielle lui dit que venait de la forte transpiration et que cela ne tarderait pas à disparaître. 

 

 
     
     
 

La nuit pourtant le marmiton vit une cane qui nageait dans le caniveau et disait : 

Roi que fais-tu ?

Dors-tu ou vielles-tu ?

Et comme il  ne donnait pas de réponse, elle dit :

Que font mes hôtes ? 

Alors le marmiton répondit : 

Ils dorment d’un sommeil profond. 

Elle demanda encore :

Que fait mon petit enfant ?

Et il répondit : 

Dans son berceau il dort gentiment. 

Alors la reine reprit sa forme et monta, elle lui donna à boire, arrangea son petit lit, le couvrit et repartit sous l’aspect d’une cane en nageant dans le caniveau. Elle vint ainsi deux nuits des suite, la troisième nuit elle dit au marmiton : 

« Va dire au roi de prendre son épée et de la brandir trois fois sur le seuil au-dessus  de moi »

 

 
     
  Le marmiton courut le dire au roi, qui vint avec son épée et la brandit trois fois au-dessus du fantôme ; et la troisième fois son épouse se trouva devant lui, fraîche, saine et sauve, telle qu’elle était auparavant.  
     
  Alors le roi fut en grande joie ; mais il tint la reine cachée dans un cabinet jusqu’au dimanche où l’enfant devait être baptisé. Et quand il fut baptisé, il dit :  « Que convient-il de faire à quelqu’un qui en a tiré un autre du lit et l’a jeté à l’eau ? »  
     
 

 «  Il ne mérite rien de mieux, dit la vielle, que d’ être mis dans un tonneau garni de clous que l’on fera rouler du haut de la montagne jusqu’au fleuve. »

Alors le roi dit : «  Tu as prononcé ta sentence », il fit faire un tonneau semblable et mettre la vielle avec sa fille dedans. Puis le fond fut cloué et le tonneau dégringolant le long de la montagne roula jusqu’au fleuve.

 
     
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